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Publié le par SALOMON BIMANSHA

mort le 25 mars 1977

Alphonse Massamba-Débat 

 

 

massamba-debat.jpgAlphonse Massamba-Débat est un homme d'état congolais, né en 1921 à Nkolo dans le district de Boko et mort le 25 mars 1977) qui a été président de son pays de 1963 à 1968

 

Biographie 

Alphonse Massamba-Débat, Instituteur d'origine kongo, a fait une partie de sa carrière au Tchad. De retour au Congo, il exercera comme Directeur de l'école de Mindouli avant d'être nommé Directeur de l'Ecole des Cadres moyens de l'AEF à Brazzaville.

 

Il est membre du PPC de Félix Tchicaya avant d'adhérer en 1956 à l'Union Démocratique de Défense des Intérêts Africains (UDDIA), le parti nouvellement créé par l'abbé Fulbert Youlou. Massamba-Débat est élu Président de l'Assemblée Nationale en 1959. Il occupera cette fonction jusqu'en 1961. Il devient ministre du plan et de l'équipement. De par ses moeurs austères et sa simplicité, sa rigueur et sa compétence, il est épargné par le discrédit croissant des membres du gouvernement de Fulbert Youlou, auxquels les populations reprochent leur faste et leur arrogance. En mai 1963, Massamba-Débat quitte le gouvernement suite à des divergences de plus en plus prononcées avec Fulbert Youlou.

 

Le 15 août 1963, après le renversement du président Youlou par une insurrection populaire conduite par les syndicalistes, les chefs militaires Mountsaka et Mouzabakani appellent Alphonse Massamba-Débat au pouvoir. Il devent Chef du Gouvernement provisoire et constitue un cabinet réduit constitué de techniciens (Germain Bicoumat, Bernard Galiba, Pascal Lissouba, Paul Kaya, David Ganao, Edouard Ebouka-Babakas et Jules Kounkound).

 

Le 8 décembre 1963, la nouvelle constitution est adoptée par référendum. Elle institue un Conseil National de la Révolution (CNR), présidé par le Président de la République. Elle prévoie, outre la fonction de Président de la République, celle de Premier Ministre, Chef du gouvernement.

 

Le 19 décembre, il est candidat unique à l'élection présidentielle. Il est élu à 100% des suffrages exprimés. Le 24 décembre 1963, il publie son gouvernement, au sein duquel, Pascal Lissouba devient Premier Ministre.

 

En Août 1964, le Mouvement National de la Révolution (MNR) est créé et institué parti unique. Massamba-Débat en est le Secrétaire Général et Ambroise Noumazalaye le Premier secrétaire politique.

 

L'idéologie du régime est de gauche et le Congo se rapproche des pays socialistes, notamment Cuba et la Chine, tout en s'éloignant des pays capitalistes. Che Guevara vient rencontrer Massamba-Débat en janvier 1965. Les relations diplomatiques sont rompues avec les États-Unis. Les rapports se tendent avec le Congo-Démocratique voisin. Le gouvernement de Moïse Tchombe expulse les ressortissants congolais vivant au Congo-Démocratique.

 

Sur le plan intérieur, le régime de Massamba-Débat se montre répressif et brutal, notamment par le biais de sa milice politique, la Défense Civile et l'organisation de jeunesse du parti unique, la JMNR. Le point culminant de cette atmosphère de terreur est constitué par l'assassinat en février 1965, de trois personnalités dont les positions ne sont pas du goût du pouvoir : le Président de la Cour Suprème Joseph Pouabou, le procureur de la république Lazare Matsocota et le Directeur de l'Agence Congolaise d'Information Anselme Massoueme. Il s'agit des premiers crimes politiques de l'histoire du Congo indépendant.

 

Sur le plan économique et social Massamba-Débat mène une gestion saine et rigoureuse. Sous sa présidence le Congo connait un début d'industrialisation et le niveau de vie des Congolais s'améliore. Quelques grandes unités de productions à grande main d'œuvre sont construites : l'usine textile de Kinsoundi, les palmeraies d'Etoumbi, l'usine d'allumettes de Bétou, les chantiers de constructions navales de Yoro, etc. Des centres de santé sont créés (deux à Brazzaville et un à Pointe-Noire) ainsi que des groupes scolaires (collèges et écoles primaires). Le taux de scolarisation du pays devient le plus élevé d'Afrique noire.

 

L'assise populaire de Massamba-Débat est incertaine dès le départ, car une partie des ressortissants de la région du Pool, dont sont originaires les deux premiers présidents du Congo, lui reproche d'avoir remplacé Youlou à la tête du pays. La brutalité des milices rend le régime impopulaire. Massamba-Débat, devient de plus en plus isolé. Les contradictions idéologiques (socialisme bantou contre socialisme scientifique) et les luttes de factions, principalement entre les pro-lissouba et les pro-noumazalaye; les tentatives de l'opposition de droite (Mouzabakani, Kolelas, Kinganga) et l'activisme des officiers progressistes, conduits par le capitaine Ngouabi, affaiblissent Massamba-Débat.

 

Le 26 avril 1966, il nomme un nouveau gouvernement. Noumazalaye devient Premier Ministre en remplacement de Lissouba. Une lutte sourde s'instaure entre le Président et son Premier Ministre sur les options idéologiques, la politique de nationalisation des entreprises et la diplomatie.

 

Le 12 janvier 1968, il démet Noumazalaye et décide d'assumer lui-même la fonction de Premier Ministre.

 

En juillet 1968, devant la montée de la contestation, il fait arrêter le capitaine Ngouabi, dissoût l'Assemblée Nationale et le Bureau Politique du MNR et suspend la Constitution de 1963. Il en résulte un affrontement entre ses partisans au sein de la Défense civile et une partie de l'armée. Il est alors contraint d'amnistier tous les prisonniers politiques et composer avec ses opposants.

 

Le 5 août 1968, il forme un nouveau gouvernement, et un nouveau Conseil National de la Révolution (CNR) de 40 membres et doté de pouvoirs étendus, est mis en place. Celui-ci est présidé par Ngouabi et Massamba-Débat y est un simple membre. Outre Ngouabi, plusieurs officiers ont font partie : Norbert Ntsika, Alfred Raoul, Joseph Ngabala, Denis Sassou-Nguesso, Luc Kimbouala-Nkaya, etc, ainsi que le chef de la Défense Civile, Ange Diawara.

 

Le 4 septembre 1968, Massamba-Débat, dont les prérogatives de Président de la République ont été rognées par le CNR, résoud de démissionner. La fonction de Président de la Réublique est provisoirement suspendue. Le capitaine Raoul assume l'intérim du Chef de l'État.

 

Le 31 décembre 1968, la fonction de Président de la République est rétablie. Marien Ngouabi est le nouveau président.

 

Le 16 octobre 1969, il est arrêté par le nouveau régime et accusé des assassinats de février 1965. La cour martiale chargée de le juger l'acquitte, le mois suivant, le procès ayant démontré la seule implication de ses collaborateurs d'alors (Noumazalaye, Lissouba, Ndalla, etc) réunis au sein du groupe de M'Pila. Libéré, il se retire dans son village natal.

 

Le Congo entre alors dans une phase de grande instabilité (installation du « socialisme scientifique », instauration de la République populaire du Congo en 1970, multiples tentatives de coup d'État) dont le point culminant sera l'assassinat de Ngouabi en mars 1977.

 

Massamba-Débat est arrêté à son domicile brazzavillois, le 18 mars 1977, quelques heures après l'assassinat de Marien Ngouabi. Selon certains témoignages, il est victime de graves sévices durant sa détention. La cour martiale instituée pour la circonstance par le Comité Militaire du Parti, nouveau détenteur du pouvoir, le condamne à mort. Il est présenté comme l'instigateur du complot ayant conduit à la mort du président Ngouabi. Il est exécuté le 25 mars 1977 de nuit, dans des circonstances mystérieuses. Son corps n'a jamais été rendu à sa famille. Sa mémoire a été réhabilitée par la Conférence Nationale Souveraine de 1991, mais sa tombe n'a jamais été montrée ceux qui l'ont exécuté.

 

L'ancien Stade de la Révolution de Brazzaville construit durant son mandat, porte aujourd'hui son nom.

 

Publié dans DOSSIER DU JOUR

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