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Publié le par SALOMON BIMANSHA

 

4 AVRIL 1968 ASSASSINAT  DE  MARTIN LUTHER  KING JR 


 

Martin Luther King

 

Le révérend Martin Luther King Jr, né à Atlanta, États-Unis le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis, était un pasteur baptiste afro-américain, militant pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis et un activiste politique.

 

Il a organisé et dirigé des marches pour le droit de vote, la déségrégation, l'emploi des minorités, et d'autres droits civiques élémentaires pour les Noirs-Américains. La plupart de ces droits ont été promus par la loi américaine : le « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act » sous la présidence de Lyndon B. Johnson. Il prononce l'un des plus célèbres discours le 28 août 1963 devant le Lincoln Memorial à Washington durant la marche pour l'emploi et la liberté : « I have a dream » (J'ai un rêve). Il a rencontré John F. Kennedy qui lui a apporté son soutien dans la lutte contre la discrimination raciale.

 

Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en 1964 pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale alors très forte aux États-Unis et pour la paix. Il se voit décerner à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté par Jimmy Carter en 1977 et la médaille d'or du Congrès en 2004. Depuis 1986, le Martin Luther King Day est un jour férié aux États-Unis.

 

Considéré comme l'un des plus grands orateurs américains, Martin Luther King invoquait souvent la responsabilité personnelle pour développer la paix mondiale

 

Biographie

 

Jeunesse

Martin Luther King Jr est le fils du révérend Martin Luther King, Sr. et d'Alberta Williams King. Il a une sœur aînée Christine King Ferris et un plus jeune frère Albert Daniel Williams King. Martin Luther King chante avec le chœur de son église en 1939 à Atlanta pour la première du film Autant en emporte le vent.

 

Il entre à Morehouse College, une université réservée aux garçons noirs, à l'âge de 15 ans, ayant sauté deux années de lycée sans officiellement obtenir son certificat de graduation. Martin Luther King en sort diplômé avec un Bachelor of Arts en sociologie le 20 juin 1948 et rentre au Crozer Theological Seminary pour un Bachelor of Divinity à Chester, Pennsylvanie, qui correspond à une licence en théologie, qu'il obtient le 12 mai 1951. Il reçoit un Doctor of Philosophy de l'Université de Boston le 18 juin 1955.

 

Des accusations de plagiat contre sa thèse de doctorat à l'Université de Boston aboutirent en 1991 à une enquête officielle des responsables de cette université. Ceux-ci conclurent qu'environ un tiers de la thèse avait été plagié d'un article écrit par un étudiant diplômé antérieurement, mais il fut décidé de ne pas retirer son titre à King, car la thèse constituait tout de même « une contribution intelligente au savoir ». Il en est de même dans certains de ses discours, mais Keith Miller soutient que dans ce dernier cas, c'est une pratique courante des Afro-américains et que l'on ne peut considérer cela comme du plagiat. Toutefois, comme Theodore Pappas le note dans son livre sur le sujet, King avait en fait suivi un cours sur les normes de la production intellectuelle et le plagiat à l'Université de Boston.

 

Il se marie le 18 juin 1953 avec Coretta Scott qui prendra son nom pour devenir Coretta Scott King. Il a avec elle quatre enfants : Yolanda, née en 1955, Martin Luther King III, né en 1957, Dexter Scott, né en 1961, et Bernice en 1963.

 

 

Prix Nobel de la paix

 

Le 14 octobre 1964, Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du Prix Nobel de la paix pour avoir mené une résistance non violente dans le but d'éliminer les préjudices raciaux aux États-Unis. Inspiré par l'œuvre de Gandhi et membre de la branche américaine du Mouvement international de la Réconciliation, il est considéré comme un des leaders les plus importants de la non-violence du XXe siècle

 

Assassinat

Fin mars 1968, Martin Luther King va à Memphis, Tennessee pour soutenir les éboueurs noirs locaux qui sont en grève depuis le 12 mars afin d'obtenir un meilleur salaire et un meilleur traitement. Les afro-américains étaient payés 1,70 dollar de l'heure et n'étaient pas payés quand ils ne pouvaient pas travailler pour raison climatique, contrairement aux travailleurs blancs. Des violences éclatent autour des marches pacifiques, un jeune Afro-Américain est tué.

Le 3 avril, au Mason Temple (Church of God in Christ, Inc. - siège mondial), King fait le discours prophétique « I've Been to the Mountaintop » (« J'ai été au sommet de la montagne ») devant une foule euphorique :

« Ce n'est pas vraiment important ce qui arrive maintenant... Certains ont commencé à... parler des menaces qui se profilaient. Qu'est ce qui pourrait m'arriver de la part d'un de nos frères blancs malades... Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie. La longévité est importante mais je ne suis pas concerné par ça maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu. Et il m'a autorisé à grimper sur la montagne ! Et j'ai regardé autour de moi, et j'ai vu la terre promise. Je n'irais peut-être pas là-bas avec vous. Mais je veux que vous sachiez ce soir, que nous, comme peuple, atteindrons la terre promise. Et je suis si heureux ce soir. Je n'ai aucune crainte. Je n'ai peur d'aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du seigneur ! »

 

Le 4 avril 1968 à 18h01, Martin Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc sur le balcon du Lorraine Motel à Memphis dans le Tennessee. Ses dernières paroles sur le balcon sont au musicien Ben Branch qui devait se produire ce soir-là une réunion publique à laquelle assistait King:

 

« Ben, prévois de jouer Precious Lord, Take My Hand (Seigneur, prends ma main) à la réunion de ce soir. Joue-le de la plus belle manière ».

Ses amis à l'intérieur de la chambre du motel entendent les coups de feu et courent sur le balcon pour trouver Martin Luther King abattu d'une balle dans la gorge. Il est déclaré mort au St. Joseph's Hospital à 19h05. L'assassinat provoque une vague d'émeutes raciales dans 60 villes des États-Unis (125 au total) qui font de nombreux morts et oblige l'intervention de la garde nationale.

 

Cinq jours plus tard, le président Johnson déclare un jour de deuil national (le premier pour un afro-américain) en l'honneur de Martin Luther King. 300 000 personnes assistent à ses funérailles le même jour ainsi que le Vice-Président Hubert Humphrey (Johnson était à une réunion sur le Viêt Nam à Camp David et il y avait des craintes que la présence du président provoque des manifestations des pacifistes).

 

À la demande de sa veuve, King fit sa propre oraison funèbre avec son dernier sermon « Drum Major » enregistré à l'Ebenezer Baptist Church. Dans ce sermon, il demande qu'à ses funérailles aucune mention de ses honneurs ne soit faite, mais qu'il soit dit qu'il avait essayé de « nourrir les affamés », « habiller les nus », « être droit sur la question du Viêt Nam » et « aimer et servir l'humanité ». À sa demande, son amie Mahalia Jackson chante son hymne favori, Take My Hand, Precious Lord.

 

La ville de Memphis négocie la fin de la grève d'une manière favorable aux éboueurs après l'assassinat

 

D'après le biographe Taylor Branch, l'autopsie de King révéla que bien qu'il ait seulement 39 ans, son cœur paraissait aussi âgé que celui d'un homme de 60 ans, montrant physiquement l'effet du stress de 13 ans dans le mouvement des droits civiques.

 

 

La pensée de Martin Luther King

 

Désobéissance civile et non violence

Dans la Lettre de la prison de Birmingham écrite le 16 avril 1963 alors qu'il avait été arrêté pour une manifestation non violente, Martin Luther King répond par cette lettre ouverte à huit prêtres blancs de l'Alabama qui avaient écrit quatre jours plus tôt une lettre intitulé Un appel à l'unité. Ils admettaient que des injustices sociales existaient mais exprimaient la croyance que la bataille contre la ségrégation raciale devait avoir lieu dans les tribunaux et non dans la rue. King repond alors que sans des actions directes et puissantes comme celles qu'il entreprenait, les droits civiques ne seraient jamais obtenus.

 

Il écrit qu' «attendre à presque toujours signifié jamais » et il affirme que la désobéissance civile est non seulement justifiée face à une loi injuste, mais aussi que « chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes ».

 

La lettre inclue la célèbre citation « Une injustice où qu'elle soit est une menace pour la justice partout » mais aussi les paroles de Thurgood Marshall qu'il répète : « Une justice trop longtemps retardée est une justice refusée ».

 

Jusqu'à la fin de sa vie, Martin Luther King reste opposé à à la radicalisation et à la violence pronée par le Black Power et souligne que "Les émeutes ne règlent rien" et considère ce moyen comme inefficace au delà même de la nature opposée des émeutes à sa doctrine de non-violence, de morale et de foi:

 

« Si on dit que le pouvoir est la capacité à changer les choses ou la capacité à réussir ses objectifs, alors ce n'est pas le pouvoir que de s'engager dans un acte qui n'accomplit pas cela : et ceci quelque soit le bruit que vous fassiez et le nombre de choses que vous bruliez ».

Pour lui une guérilla comme celle de Che Guevara est une « illusion romantique ». King préfère la discipline de la désobéissance civile qu'il définit non seulement comme un droit mais aussi un hommage à une énergie démocratique inexploitée. De même pour la pauvreté, il demande aux militants d'« utiliser tout le pouvoir de la non-violence sur le problème économique », même si rien dans la constitution américaine ne garantit un toit et un repas. Martin Luther King reconnaît la difficulté de la tâche mais demande à ce que personne ne soit intimidé par ceux qui se moquent de la non-violence. Il note la similitude de leur lutte avec celle de Jésus:

 

"L'opinion publique s'est retournée contre lui. Ils ont dit qu'il était un agitateur. Il utilisait la désobéissance civile. Il a refusé les injonctions de la loi".

Pour King la non-violence est non seulement juste mais indispensable, car aussi juste que soit la cause d'origine, la violence signifie l'échec et le cycle de vengeance de la loi du talion, alors qu'il défend l'éthique de réciprocité:

 

« L'ultime faiblesse de la violence est que c'est une spirale descendante, engendrant la chose même qu'elle cherche à détruire. Au lieu d'affaiblir la mal, elle le multiplie. En utilisant la violence vous pouvez tuer le menteur, mais vous ne pouvez pas tuer le mensonge, ni rétablir la vérité. En utilisant la violence vous pouvez assassiner le haineux, mais vous ne pouvez pas tuer la haine. En fait la violence fait simplement grandir la haine. Et cela continue... Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité : seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l'amour peut faire cela».

En effet Martin Luther King affirme que la fin ne peut justifier les moyens contrairement à la formule de Machiavel:

 

« J'ai toujours prêché que la non-violence demande que les moyens que nous utilisons doivent être aussi purs que la fin que nous recherchons. J'ai essayé de rendre clair que c'est mal d'utiliser des moyens immoraux pour atteindre une juste fin. Mais je dois affirmer maintenant que c'est aussi mal, voir pire encore, d'utiliser des moyens moraux pour préserver une fin immorale ».

Dans sa Lettre de Birmingham, il répond même aux prêtres qui l'accusent de créer des opportunités à la violence avec sa désobéissance civile pacifique dans un milieu raciste que celui qui demande justice de manière non-violente ne peut être le fauteur de trouble:

 

« Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions, bien que pacifique, doivent être condamnées parce qu'elle précipite la violence. Mais est-ce une affirmation logique ? N'est ce pas comme si vous condamniez un homme qui s'est fait volé parce que le fait qu'il possède de l'argent aurait engendré l'acte du vol ? ».

 

Egalité raciale, liberté et fierté

Au delà de son combat pour l'égalité raciale, du discours I have a dream où il imagine que ses "quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur personne" et de la victoire politique avec les votes des Civil Rights Act et Voting Rights Act , Martin Luther King a identifié que l'égalité raciale ne vient pas seulement des lois qui défendent la personne mais surtout de la façon dont cette personne se perçoit elle même:

 

« Aussi longtemps que l'esprit est mis en esclavage, le corps ne peut jamais être libre. La liberté psychologique, un ferme sens d'estime de soi, est l'arme la plus puissante contre la longue nuit de l'esclavage physique. Aucune proclamation d'émancipation lincolnienne ou charte des droits civiques johnsonienne ne peut apporter totalement cette sorte de liberté. Le nègre sera libre quand il atteindra les profondeurs de son être et qu'il signera avec le stylo et l'encre de son humanité affirmée sa propre déclaration d'émancipation. Et avec un esprit tendu vers la vrai estime de soi, le nègre doit rejeter fièrement les menottes de l'auto-abnégation et dire à lui-même et au monde, "je suis quelqu'un. Je suis une personne. Je suis un homme avec dignité et honneur. J'ai une histoire riche et noble"..»

 

 

Publié dans DOSSIER DU JOUR

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